Mr P. peignait des aquarelles. Fort jolies, pour qui serait féru de paysages…Mr P. était certainement heureux. J’imagine…j’extrapole…
Heureux en tout cas, lorsque le pinceau courait sur le papier.
Un jour, Mr P. se faisant vieux, rencontra Miss P.
Oh pas de son plein gré. çà non ! Personne ne regarde Miss P. dans les yeux, la joie au cœur. Elle est une garce d’une trop collante fidélité. Miss P. vous aimera jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Alors Mr P. a vu ses membres l’abandonner. Un jour, il a fallu se résoudre à l’adoption d’un fauteuil. Celui avec des roues qui disent que tu ne t’en relèveras jamais. Mr P. a vu ses mains trembler, jusqu’à ne plus pouvoir saisir le mouchoir qui essuye la bave au coin des lèvres.
Mr P. a vu ses doigts se raidir. Mr P a abandonné sa boîte d’aquarelles. Mr P. regardait ses paysages accrochés au mur. Quelques phrases en gargouillis au fond de la gorge.
J’ai rencontré Mr P. dans un hôpital de jour, où pas grand monde, ne se souciait de la pratique de l’aquarelle. Ni des paysages. En général.
On a bricolé des feutres. On a choisi du papier qui glisse.On a trouvé des trucs. Parce que la vie sans dessiner, c’est plus vraiment la vie …Et que Miss P. est une belle fucking girl, qui te laisse tes neurones. Pour que tu ne rates rien de ce que tu perds.
Miss Parkinson a gagné, bien sûr. Pour l’instant, c’est encore elle qui gagne à tous les coups. Avant de mourir, Mr P. m’a offert mon portrait.
Quelqu’un écrivait :
‘On connait la douleur de celui qui perd un doigt. Qui peut dire la souffrance du pianiste qui ne pourra plus jouer ? ‘
A vendredi,
Oursine
C’est magnifique. Merci.
Merci pour cette tranche de vie terriblement belle…
Que dire… il y a quelquechose d’essentiel dans ton texte…
Merci à vous !